L’expérience vécue aux Chantiers Navals de Nantes raconté par des anciens ouviers et le chercheur


Le mercredi 29 janvier, le temps me permet de descendre à l’île de Nantes en vélo. Il est 14h30 et un soleil joue à nous réchauffer entre les nuages d’un hiver doux. La circulation est calme et j’arrive sans soucis au bâtiment des chantiers navals de Nantes. Avant de partir je me suis bien assuré de l’adresse où se passait la conférence. Sans doute, tout le monde doit connaître où se situe ce bâtiment parce que sur l’invitation n’apparaissait pas le nom de la rue. Tout le monde, peut-être, sauf moi.
En arrivant, je m’aperçois que ce gran bâtiment qui regarde la Loire appartient à l’Université de Nantes. Dans ses locaux règne le silence et seulement quelques adultes circulent dans ses couloirs.
Je trouve la salle 123 au premier étage sans difficulté où trois personnes dialoguent de manière décontracté. Je prend une place et je regarde mon portable pour lire les informations de la conférence : "Nul n'est censé ignorer la Loire! ... " De l’expérience vécue  à la production de savoirs: transmission , reconnaissance et histoire collective en question!"
Le conférencier, Michel Rival, présente les objectifs de cette activité et les participants, anciens ouvriers des chantiers navals : Daniel, Gérard et Michel. Les deux premiers sont assis devant nous face au public. Ils ont habillés en tenu informelle, même en sandales et chemises en dehors du pantalon. Michel, pour sa part, il est assis avec le public habillé avec un pantalon classique, plus formel. Ils sont animateurs des visites proposées à la Maison des Hommes et des Techniques, qui n’est pas un Musée, puisque pour eux c’est une mémoire vive.
Michel Rival tient à présenter son travail de thèse doctorale avec eux montrant de cette manière que la production de savoirs est une activité collective. Premièrement, il nous montre une photo d’une salle du bâtiment naval : « la crèche ». Chacun des ouvriers présent rémémore les souvenirs du passé où ils sont appris le métier, les formateurs et les activités qu’ils développaient. Le conférencier, sûr de lui et de l’intervention, les laissent parler.
Les deux ouvriers nous racontent qu’à Nantes il y avait trois chantiers navals, et ils appartenaient à deux différents. Le dernier qui restait débout était celui où se déroulait la conférence. C'est grâce à la force de la collectivité ouvrière que les chantiers navals et leurs moyens de production de savoirs restent encore dans la mémoire collective. Les photos, les plans, les dessins, les outils et le bâtiment témoignent des valeurs qui représentent bien celles des hommes et leurs familles. Chaque bateau était unique et le chantier naval était leur maternité. Ces hommes travaillaient pour construire des cathédrales flottantes. J'ai eu l'impression qu'ils aimaient leurs métiers parce que l'oeuvre les a « immortalisés ».
Cette recherche s’inscrit dans la perspective biographique des histoires de vie, dans une démarche clinique dialogique. Cette approche inductive permet d’accompagner les récits d’expérience et de promouvoir la mise en réflexion des sujets animateurs, c’est ce que je lis dans la présentation écrite de la conférence et qui se déroule devant moi. Les questions qui ont guidé cette recherche étaient : En quoi et comment cette mise en réflexivité fait-elle émerger chez eux des savoirs inédits ? Que révèle-t-elle sur le besoin de reconnaissance de cette culture de la navale ? Qu’append-on de cet accompagnement réflexif de nos ainés ?
La présentation terminée a donné lieu à un échange entre le public et le chercheur et les ouvriers. Je reviens sur l’intitulé pour poser la question sur la contribution des chantiers navals à l’identité culturelle de la ville et son avenir. Ils voient avec une nostalgie que personne pendra le relais de leur témoignage et que la ville tourne le dos à son passé, à exception du château. Je comprend que la modernité installe de nouvelles procédures et des techniques qui, conscient ou inconsciemment, efface un passé avec ses hommes, ses outils et ses bâtiments. Je m’associe aux ouvriers qui pensent que La Loire ne peut pas rester un passage fluvial sans faire mémoire des hommes qui ont aidé à construire l'identité de la ville de Nantes.
Je pars avec le désir de connaître l’histoire de ce bâtiment et celle des hommes qui ont lutté pour contribuer à forger une identité à cette ville. Je remercie aussi cette forme de communication entre chercheur et participants de la recherche avec le public. Je suis convaincu que le chercheur n'est pas quelqu'un d'isolé dans son laboratoire sinon une personne en connection avec la réalité et avec les personnes du terrain, sur le champ participant avec les ouvriers.

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