Les docteurs et l'innovation social


Vendredi 7 juin, il est midi et demi, nous sommes une quinzaine de personnes dans une salle du Solilab, un laboratoir qui favorise les idées sociales innovantes à Nantes. À l’entrée, Cédric RIO, un coodinateur de cette expérience s’approche pour me donner la bienvenue. La main ouverte et le sourire aux lèvres sont les moyens plus simples pour se sentir accueilli. Ce geste se répètera avec ceux et celles qui vont arriver après moi.
Nous sommes assis en cercle autour de tables. Nous commençons pour une petite présentation pendant que chacun mange son pique nique. Ewa ZLOTEK-ZLOTKIEWICZ, une coordinatrice, s’approche pour me demander mon nom. Comme dans un match de ping pong, je lui dit mon nom et à l’instant même elle me dit mon prénom, signe qu’elle avait mémorisé la liste des participants. Elle me donne une etiquette avec mon prénom. Elle prend la parole pour nous demander si nous sommes d’accord pour nous tutoyer. Directe, sportanée et savant mener le groupe, Ewa donne le coup d’envoi chaleureux.
Dehors le vent souflle avec force frappant les parois de la salle. Nous sommes prôche de la Pentecôte, moment important pour l’église que le hagiographe[1] représente par un vent qui envole les esprits des apôtres pour les pousser en dehors. Comme les apôtres ce vent va nous faire passer de la réfléxion à l’action.
Nous sommes convoqué par Klask, une association qui cherche à créer une passerelle entre les docteurs et chercheurs et les acteurs de l’innovation sociale.
La demi-journée a commencé par l’intervention de trois acteurs dans le monde du travail, la recherche et l’entreprise. La Directrice de Résovilles, Emilie SARRAZIN constate que le marché du travail n’utilise pas toutes les capacités des docteurs, ce qui est une perte énorme d’énergie et des talents.
Cette constatation éveille en nous une discussion très intéressante sur le rôle des docteurs dans la société, qui est pour moi un des sujets le plus lumineux de cette journeée. Un docteur a-t-il une autorité supérieure et par conséquent, un jugement infaillible sur les problématiques de la société? A-t-il des talents hors du commun pour être considéré une autorité supérieure? Faut-il prendre sa parole comme des oracles du Delfos?
Jean-Charles CADIOU, professeur des universités, président de Capacités, filiale privée de l’Université de Nantes et dédié à la construction de projets innovants, nous partage ses réponses qui nous font basculer : Un docteur est quelqu’un d’ordinaire entrainé dans le domaine du questionnement et la recherche des explications des phénomènes. Cette capacité de se mettre en recul permet aux docteurs de questionner la réalité et chercher des réponses.
Parfois nous croyons qu’une conséquence directe de la réussite des études du doctorat est l’obtention d’un poste dans le marché du travail. Diane OBLE, considère que les savoirs et savoir faire acquis pendant la formation des doctorants sont des éléments importants et nécéssaires pour dynamiser l’économie, la recherche dans certains secteurs et l’employabilitié. Mais l’insertion est faible. Aujourd’hui dans cette salle la présence des plusieurs docteurs en recherche de travail est une évidence.
M. CADIOU précise que les docteurs ne doivent pas se considérer seulement comme des demandeurs d’emploi. Par sa formation, les docteurs peuvent créer des projets innovants dans l’entreprise et surtout avoir une force de proposition au sein de la société.
Considérant tous les talents et capacités des docteurs comme acteurs socials privilégiés de la société sans oublier que leur capital culturel ne s’achèvent pas seulement dans un discours précis et logique. D’autres éléments sont aussi importants pour que leurs actions soient plus efficaces : capable d’humilité, d’être toujours en permanent apprentissage, ouvert à d’autres propositions, à l’écoute des besoins des personnes et des problèmes sociétaires.
Après cette première présentation nous sommes rentrés dans un jeu coopératif pour mettre en commun nos talents, nos compétences et nos capacités de problématiser. Nous avons rempli une grande feuille avec des compétences et des problématiques, d’un côté les docteurs et de l’autre les entrepreneurs. Attiré pour « la force de proposition » j’ai écrit des compétences qui me paraissaient réunir un ensemble riche en capacités émotionelles et cognitives : être à l’écoute d’autrui, savoir donner de la confiance, la creátivité, le dialogue, etc. Par contre j’ai évité des formules qui mettait l’action sur une capacité trop intélectuelle comme la capacité de réfléchir ou d’analyser.
Du côté des problématiques, j’ai été interpellé par le mot d’un intervenant : « se regrouper » et d’autres termes qui se rejoignaient et qui mettait en évidence le besoin d’agir en collectivé. Nous avons échangé les problématiques et les compétences qui n’étaient pas forcément les notres.
Ewa nous a lancé encore donné un coup de pouce et nous avons commencé à rassembler des « compétences et problématiques ». Par la suite, nous en avons choisi une qui nous intéressait et nous avons constitué des groupes. Dans le domaine du social et l’innovation huit personnes d’horizons très différents se sont reunis. Le mot « exclusion sociale » est révenu rapidement dans nos esprits pour distinguer une problématique commune. Beaucoup d’entre nous sommes témoins du manque de solutions innovantes dans les enjeux sociaux. Conscient de cette situation j’ai pensé au rol de l’éducation qui a aussi un défi à creuser autour de décrochage scolaire. J’ai proposé le concept d’une communauté humaine, située dans un quartier ou à proximité, qui met en valeur les différentes générations pour aborder les apprentissages. Développé dans les pays d’Amérique Latine, ce type d’apprentissage véhicule l’idée que dans une collectivité nous ne pouvons pas renoncer à l’inclusion des autres. Tout le monde, enfants, parents, grand parents et autres, peuvent contribuer dans un projet pédagogique qui construit la pensée et la culture. La force de proposition consiste à croire que l’apprentissage est individuel et collectif à la fois en mettant l’accent sur le rôle que les autres jouent dans la construction de la pensée et la culture.
À la fin de cette rencontre nous nous retrouvons pour écouter d’autres groupes et compléter la journée en exprimant nos apprentissages. Nous avons tous expérimenté une confiance pour contribuer ensemble à construire des projets innovants. Nos forces de propositions étaient celles d’une parole convaincue et persuasive. Parole forgée du concret et du réel, nourrie par la pensée et l’émotion, parole qui invite à agir tous ensemble et à s’engager avec ceux et celles qui cherchent une meilleure qualité de vie.



[1] Personne qui écrit la biographie des saints et des évènements sacrés.

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