Un temps présent qui est source d’éternité
Le temps passe laissant derrière nous de traces, de dessins et de couleurs qui nous gardons précieusement pour nourrir notre âme. Prenons, donc, le temps pour voir clair les engagements, les décisions prises mais avant tout jugement. Approchons nous vers le temps où nous avons commencé l’aventure de notre existence.
Il est temps de commencer…
Mais il est impossible dans notre condition humaine de parler du temps sans l’espace qui nous entoure. Parce que notre condition humaine prends la forme du corps qui est la matière sur laquelle le temps et l’espace témoigne le vécu et les limites de nos possibilités.
Arradon, petite espace de lumière, où la verdure se transforme en paisible tasse de bleu marine. C’est dans cette espace où nous voulons que le temps s’arrête pour demeurer dans une éternelle joie. Mais nous devons continuer à vivre ce que le temps nous offre.
Et nous commençons par le temps de la fête. C’était le temps des noces où nous nous sommes retrouvés pour demander que Dieu bénisse l’union conjugal de Thaïs et Clément. Il y a 21 ans, je la prenais avec moi à la sortie de N. D. de Lourdes, un jour de février, pour éviter que la foule l’écrase. Aujourd’hui elle sortait de la main de son époux, et tous les deux levaient leurs bras pour saluer le soleil qui se joignait à leur joie.
Mais le temps de la fête nous a poursuivi jusqu’au baptistère pour voir couler l’eau de la vie et de la grâce sur le front de ce petit Nathanaël. Les chants résonnaient à l’intérieur du temple et le prêtre lève son regard approuvant ce geste. Il prend le temps de demander nos prénoms et même d’accueillir les non-initiés aux rites chrétiens. Personne s’énerve, personne se moque… nous avons le temps d’approfondir qui nous sommes. Dans la maison de Dieu nous avons toujours le temps.

Et il y a aussi, à Arradon, le temps de l’accueil, qui a pour prénom Annick et Bénédicte, Laurent et Isabelle, Antoine et Gisela, Paul et Jeanne, Christine, Aude, Claire, Mathias, Marin…. Et un éternel etc. L’accueil, geste simple, parole chaleureuse, un verre d’eau apporté rapidement pour calmer la soif, la nappe bien installée pour que la table soit un instant de convivialité et de paix.
Il y a le temps de l’écoute, qui est sœur jumelle de l’accueil. Elles vont très bien ensemble. L’écoute à Arradon prend différents formes et façons de se constituer.  Avant les repas, avec un peu de pisco elle devient  gaie, le moment de faire la vaisselle, en marchant sur la plage, en faisant du bateau ou en nageant.
Qui dit écoute dit aussi le besoin donner et recevoir. Donner du temps c’est une des meilleures façons de nous aimer. À Arradon, nous cultivons la richesse de construire la grande famille. Venus des différents endroits du monde, autour d’une table, nous nous écoutons pour comprendre l’histoire et nos histoires. L’histoire des peuples, la vie de l’église, la souffrance de ceux qui vivent la persécution, la misère ou l’abandon se déroulent devant nos yeux avec une notable attention.
Il y a aussi, le temps des adieux. Les départs des uns et des autres se poursuivent avec beaucoup d'émotions. Les uns partent pour revenir bientôt, les autres partent pour un temps indéterminé. Le départ nous fait agir avec précaution de ne rien oublier avant de nous quitter, en espérant que tout ce que nous avions besoins de nous dire ce soit dit au moment précis. Nous devons continuer nos chemins, chacun avec son histoire, mais nous nous quittons enrichis, le coffre pleins de trésors d’affection.

Dehors, dans la tranquillité du petit matin, le silence et la lumière arrosent la nature d’un bruit qui invite à la contemplation. Et il est temps d’aller à la source de toute cette joie. En fermant les yeux, j’essaie d’attraper ce temps présent pour que ce soit un moment d’éternité. Comme une photo je compose la présence de chacun et je demande la grâce d’y retourner.

Merci à chacun pour enrichir mes horizons par l’accueil, l’écoute et donner de son temps.

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